Qu’est-ce qu’apprendre ? Comment apprend-t-on ? Peut-on apprendre « mieux » ? Face aux questionnements sur les mécanismes de l’apprentissage, les progrès des neurosciences ont permis de faire la lumière sur le fonctionnement du cerveau. Elles apportent des réponses nouvelles aux interrogations des sciences de l’éducation. Dans ses travaux, Stanislas Dehaene met au point quatre piliers quand il s’agit d’apprendre : l’attention, l’engagement actif, le feedback ou retour sur erreur et la consolidation. Réunis, ces quatre piliers favoriseraient la réussite de l’apprentissage de nos enfants.
L’attention
L’attention est comme une sorte de filtre qui sélectionne les informations à traiter. Cette capacité nous permet de ne sélectionner que ce qui est pertinent lorsque nous effectuons une tâche. Cependant, ce filtre peut être mis à mal et dysfonctionner.
C’est le cas lorsque l’on doit traiter plusieurs informations par exemple : amusez-vous à énoncer à voix haute la couleur des mots ci-dessous. Votre cerveau, tiraillé entre la couleur du mot et ce qui est écrit, vous demande un effort de concentration plus important.
JAUNE ROUGE VERT BLEU JAUNE ROUGE BLEU
Il faut permettre à l’enfant ce travail de canalisation en l’aidant à focaliser son attention sur les informations pertinentes. Pour ne pas se disperser, il faut veiller à limiter au maximum les sollicitations inutiles : les écrans et le bruit bien entendu, mais aussi la fatigue ou encore la faim. Des conditions optimales permettent à l’enfant d’être alerte et d’avoir le contrôle sur son attention.
L’engagement actif
Pour favoriser l’apprentissage, l’enfant doit être activement engagé dans le processus. C’est un des quatre piliers de l’apprentissage. Fini les lectures et relectures de texte qui ne donnent qu’une illusion de savoir, l’enfant doit pouvoir se tester, mettre à l’épreuve ses connaissances, essayer de les mobiliser. L’autonomie est ici une clé importante puisque la réussite donne à l’enfant le sentiment d’être plus fort ce qui renforce sa confiance en lui et le pousse à s’investir d’autant plus.
Afin de faire progresser l’enfant, les exercices doivent être suffisamment difficiles mais pas inaccessibles. Lorsque l’enfant est en difficulté l’adulte peut intervenir en l’encourageant ou en félicitant ses efforts. A l’inverse, si l’exercice semble trop facile alors on peut le compliquer un peu. En bref, il faut veiller à cultiver le sentiment de réussite qui favorise l’engagement actif de l’enfant.
Le feedback ou retour sur erreur
Lorsque l’enfant se lance dans la révision d’une leçon de grammaire par exemple, il est d’une grande importance pour lui de pouvoir se situer dans son apprentissage. Pour cela, il a besoin d’un retour d’information. Cela peut être un test ou un exercice réalisé seul ou avec un adulte : prendre une feuille blanche, fermer son cahier et tenter de restituer sa leçon selon ses propres mots par exemple.
Bien plus qu’humaine, l’erreur est fondamentale. C’est le premier pas vers la réussite d’un apprentissage. Elle est une ressource importante pour l’enfant qui doit être capable de situer, de comprendre et de corriger son erreur. Il ne faut donc pas sanctionner les erreurs au risque de créer chez l’enfant une véritable peur de l’échec. Pour que ces dernières soient productives, il s’agit donc de motiver l’enfant à dépasser celles-ci : félicitations, encouragements, reconnaissance sont essentiels pour sa réussite.
La consolidation
Dans les premiers moments d’un nouvel apprentissage comme celui de la lecture, une grande concentration est nécessaire car l’effort se veut conscient. Avec le temps on apprend à lire plus vite, à lire mieux avant que la lecture ne devienne un mécanisme inconscient. Plus on mobilise ces mécanismes, plus on crée de « chemins mentaux ». Enfin, plus on a de chemins mentaux et plus la mobilisation d’une compétence sera rapide : c’est la consolidation.
L’apprentissage est un processus long qui requière du temps. Pour retenir une leçon, inutile donc de s’acharner des heures. Préférez de multiples sessions de mémorisation et d’exercices étalées dans le temps. L’effort que fournira l’enfant pour se remémorer la leçon à des intervalles différents consolidera son apprentissage. En créant des chemins mentaux solides, ses compétences seront accessibles plus rapidement à mesure du temps.
Le sommeil joue un rôle crucial dans la consolidation des acquis. La nuit, le cerveau continue de créer des chemins mentaux et d’automatiser les acquis ! Siestes et grasses matinées sont peut-être finalement la clé de la réussite…
Ces quatre piliers de l’apprentissage, tous très liés, permettraient donc de mettre l’enfant dans les meilleures dispositions pour acquérir de nouvelles compétences. Bien sûr, chaque pilier est à adapter selon les besoins de l’enfant. Si vous souhaitez allez plus loin, vous pouvez retrouver les travaux de Stanislas Dehaene dans son ouvrage Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines aux éditions Odile Jacob.